Unicorns and Dictators
Fondation Esker, Calgary, Alberta.
31 mai - 7 septembre 2014
À première vue, l'œuvre de Cynthia Girard est un monde enrobé d'animaux, d'oiseaux et de slogans politiques simples : mignon mais pas menaçant. Mais ne vous y trompez pas : Girard utilise la couleur, le motif et les formes rassurantes des petites bêtes pour désarmer. En y regardant de plus près, cette œuvre traite de la lutte des classes, des utopies sociales et du jeu de la politique et du pouvoir. Ses peintures et ses sculptures empruntent à la lignée du théâtre politique : le théâtre par, de, et pour le peuple. Girard puise librement dans l'histoire de l'Occident pour choisir les costumes et les accessoires, rassemblant un ensemble imposant de personnages, de décors et de luttes improbables avec une main absurde et une voix comique, créant quelque chose qui brille comme un conte de fées, mais qui délivre le punch sombre de la satire sociale.
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Une liste convaincante de poussées sociales qui ont été activées en résistance à la politique et à l'économie conservatrices ou de droite est une constante dans l'œuvre de Girard. C'est l'action de ses tableaux : les rassemblements politiques, les manifestations de rue et les marches d'étudiants pour exiger mieux pour les femmes, les homosexuels et les étudiants. Les voix des droits civils, de la libération des QuEibec, de la fin des armes nucléaires, de la paix et de la sauvegarde de la Terre. Ce que toutes ces campagnes ont en commun, c'est qu'elles s'appuient fortement sur les processions, les manifestations et les bannières de la base pour transmettre leurs messages. Les "constructions picturales" de Girard, comme elle les appelle, sont radicalement éloignées des murs, accrochées à des échafaudages de fortune, faisant référence aux décors temporaires du théâtre de rue et aux bannières politiques - enrobées de messages à la fois ridicules, puissants et pleins d'espoir.
Pour Girard, une exposition ou une installation est une plateforme temporaire permettant d'exprimer des opinions et de poser des questions, et pour qu'un véritable dialogue ait lieu, il faut que d'autres personnes soient impliquées. Pour cette itération, Girard a invité cinq artistes - David Altmejd, Julie Doucet, Groupe d'action en cinéma EpopCe, Henry Kleine et NoEimi Mccomber - à " nicher dans son projet ". La temporalité, ou le sens de l'exposition en tant que moment, n'est pas seulement passionnante à observer, mais s'inscrit également dans la lignée des racines dont elle tire son sens et son inspiration. Après la pièce de théâtre, la manifestation, le rassemblement politique, cette joyeuse bande d'artistes se déplace vers le prochain site d'action.
Cette action ne se déroule cependant pas dans la rue, mais a été déplacée dans le jardin. Il ne s'agit pas d'un jardin anglais ornemental, taillé avec soin, ni d'un espace vert sauvage et indompté - ce jardin est l'espace magique des mythes, des contes populaires et des livres pour enfants. Le vert attendu est remplacé par les teintes de l'arc-en-ciel, tout est abstrait, l'échelle est manipulée, et ce que nous savons de la couleur du jour et de la nuit est effacé pour que le temps n'ait pas de prise. Ce jardin ne se trouve pas dans les arrière-cours ou à travers des portes, mais entre, derrière ou de l'autre côté de notre monde - accessible uniquement par des déchirures dans notre réalité. Girard peint ces points d'accès changeants dans ses tableaux : un rideau entrouvert, une porte, le chemin de l'arc-en-ciel d'un escargot - ce sont des signes et des cartes pour le mouvement vers l'utopie.
Les personnages, qui sont nombreux - Rosa Luxemburg, Martin Luther King, Karl Marx, Mussolini, Franco et Berlusconi, entre autres - sont des caricatures abstraites, des visages au nez phallique, des corps cubistes. Ils sont souvent en train de se transformer ou d'être réduits à des proportions absurdes et risibles. Ni humains ni bêtes, ils passent d'une forme corporelle à l'autre, se fracturent et restent dans un désordre constant. Les bêtes - licornes, oiseaux, papillons, hiboux, escargots et chenilles - ne font que s'embellir, avec des queues plus fournies, des plumes plus élaborées et des couleurs plus vives. Ils sont également sages et ont reçu le droit d'utiliser le langage, ce qui a été refusé aux humains. Ils sont les poètes et les chercheurs de vérité. Ils disent des choses évidentes, mais ce sont souvent ces simples lignes qui leur donnent la perspicacité et la logique, faisant d'eux les héros de ces allégories intelligentes.
Naomi Potter, commissaire de l'exposition
Presse/Press:
1. Musée des beaux-arts du Canada, 2014
At first blush Cynthia Girard's work is a candy-coated world of animals, birds, and simple political slogans: cute but not threatening. But do not be fooled: Girard uses colour, pattern, and the reassuring forms of small beasts to disarm. On closer look this work deals in class struggle, social utopias, and the game of politics and power. Her paintings and sculptures borrow from the lineage of Political Theatre: theatre by, of, and for the people. Girard picks freely from Western history to select costumes and props, bringing together a commanding cast of unlikely characters, settings, and struggles with an absurdist hand and a comic voice, creating something that sparkles like a fairy tale, but delivers the somber punch of social satire.
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A compelling list of social flare-ups that have been activated in resistance to conservative or right-wing politics and economics are a constant in Girard's work. This is the action of her paintings: the political rallies, street protests, and student marches to demand better for women, queers, and students. The voices of civil rights, of QuEibec liberation, for ending nukes, embracing peace, and saving the earth. What all these campaigns share is a heavy reliance on grass-roots processions, demonstrations, and banners to convey their messages. Girard's "painterly constructions", as she calls them, are radically removed from the walls, hung on makeshift scaffolding, referencing the temporary scenic backdrops of street theatre and political banners -emblazoned with messages that are at once silly, powerful, and hopeful.
For Girard an exhibition or installation is a temporary platform to voice opinions and ask questions, and for real dialogue to happen, others should be involved. For this iteration, Girard has invited five artists -David Altmejd, Julie Doucet, Groupe d'action en cinema EpopCe, Henry Kleine, and NoEimi Mccomber -to ''nest in her project". The temporality, or sense of the exhibition as a moment, is not only exciting to witness, but also falls in line with the roots from which it draws meaning and inspiration. Finishing the play, the demonstration, the political rally, this merry band of artists moves on to the next site of action.
This action however does not happen in the street, but has been moved into the garden. This is not an ornamental, expertly pruned English garden, nor is it a wild, untamed green space-this garden is the magic space of myths, folk tales, and children's books. The expected green is replaced by rainbow hues, everything is abstracted, scale manipulated, and what we know of the colour of day and night erased so that time has no hold. This garden is not found in backyards or through gates, but between, behind, or on the other side of our world-accessible only through rips in our reality. Girard paints these shifting access points into her paintings: a parted curtain, a door, the rainbow path of a snail-they are signs and maps for movement towards utopia.
The characters, of which there are many-Rosa Luxemburg, Martin Luther King, Karl Marx, Mussolini, Franco, and Berlusconi, among others-are abstracted caricatures, faces with phallic noses, cubist bodies. Often they are experiencing a kind of transformation or in the process of being rendered down to absurd and laughable proportions. Neither human nor beast, they stretch from one bodily form into the next, fracture, and remain in constant disorder. The beasts -unicorns, birds, butterflies, owls, snails, and caterpillars -only become more beautiful, with fuller tails, more elaborate feathers, and fancier colours. They are also wise and have been granted the use of language, something the humans have been denied. They are the poets and truth-seekers. They speak the obvious, but it is often these simple lines that give them insight and logic, making them the heroes of these clever allegories.
Naomi Potter, Exhibition Curator